Extrait du journal « Le Balletomane enchaîné » du 26 décembre 2018

Restaurant du Balletomane anonyme – Marguerite (La Dame aux camélias le 16 janvier à Stuttgart) et Manon (le 16 janvier aussi, mais au London Coliseum) dans un état critique

Il s’appelait « Mangez-moi », mais on aurait pu l’appeler « Réparez-moi » (Fix me d’Alban Richard et Arnaud Rebotini le 29 janvier à Chaillot) : le restaurant du Balletomane anonyme a dû fermer ses portes dès le lendemain de son ouverture. On soupçonnerait une intoxication alimentaire (Roméo et Juliette de Cranko le 24 janvier à Berlin) lié à un excès de volaille. Son origine n’est pas encore établie avec fiabilité par les experts, mais ces derniers pencheraient pour du cygne avarié (Swan Lake de Derek Deane le 3 janvier au London Coliseum et Le Lac des cygnes de Radhouane El Meddeb le 10 janvier par le Ballet du Rhin à Strasbourg), bien que le Balletomane anonyme ait démenti formellement son utilisation dans le menu de Noël. Il en a profité pour démentir tout recours à du poisson à la fraîcheur douteuse (La petite sirène de Kenneth Greve le 19 janvier à Helsinki).

Devant sa bonne foi évidente, et faisant fi de l’état des demoiselles Gautier et Lescaut parce que « de toute façon, elles passent leur temps à mourir », le commissaire a décidé de relâcher le Balletomane Anonyme traumatisé.

Ce dernier semble d’ailleurs avoir fait pénitence, sa cellule ayant, d’après ses dires, « des airs de Pré de l’Asphodèle » (de Liam Scarlett, avec Les deux pigeons d’Ashton le 18 janvier au Royal Ballet). Lors de notre entrevue, il revenait d’une ballade en Foray forêt (de Trisha Brown, avec Newark, 24 janvier à Lyon) où il était allé oxygéner ses petits poumons fragiles et penser à l’avenir.

Que restera-t-il du restaurant « Mangez-moi » ? Pour le moment, seulement des cartons (Refuge de Vincent Dupont le 8 janvier aux Abbesses) abandonnés. Mais pas pour longtemps. Nous le savons tous, le Balletomane Anonyme sait rebondir (Bounce ! de Thomas Guerry le 9 janvier à Chaillot) après un échec. Car s’il n’a pas de pétrole (OiLinity de Kat Valastur le 14 janvier aux Abbesses), il a des idées !

Il traînera donc sa mélancolie (Winterreise de Preljocaj le 24 janvier à Milan) au Brésil (Krash et Chopin dances de Tim Rushton le 18 janvier à Copenhague) pour se ressourcer et découvrir des Plaisirs inconnus (par le CCN Ballet de Lorraine avec cinq chorégraphes mystère le 17 janvier à Chaillot). Des rumeurs disent qu’il envisage un stage d’introspection pour découvrir son Moi véritable sur une pente à 34° (Skid de Damien Jalet à Chaillot), avant de revenir (Homeward de Benjamin Millepied avec le LA Dance Project le 29 janvier au TCE) tout requinqué pour la fin du mois.

Soyons sûrs qu’il tiendra absolument à partager ses découvertes avec nous…