Ô rage ! Ô désespoir ! Ô poulet ennemi ! Que vais-je devenir ? Je me voyais déjà en cygne (Le Lac des cygnes à partir du 11 février à Vienne), et je ne suis qu’un pigeon (Les deux pigeons, le 12 février au Royal Ballet). Je me croyais Carmen (de Jiri Bubenicek, le 2 février à Rome), et je ne suis que Petrouchka (de Johan Inger, avec Daphnis et Chloé de Maillot, Le spectre de la rose de Goecke, et Prélude à l’après-midi d’un faune de Verbruggen, le tout par les Ballets de Monte-Carlo le 8 février au TCE). Je me croyais unique (One of a kind de Kylian, le 22 à Stuttgart) et… voilà quoi.
Le pays de Cocagne (d’Emmanuelle Vo-Dinh, le 12 février à Chaillot) que j’imaginais n’existait pas. Je suis maintenant frappé par la Gravité (de Preljocaj, le 7 février à Chaillot). Cette lettre est mon Requiem (de David Dawson, le 9 février à Amsterdam), mon chant du cygne (toujours le Lac, le 16 février à l’ONP), mon chant du soldat (Soldier songs et Ve Symphonie de Neumeier le 17 février à Hambourg). La presse ne m’a épargné aucun Sarcasmen (de Van Manen, avec One the move, Symphonieën der Nederlanden et 5 Tango’s le 12 février à Amsterdam), et depuis je traverse l’enfer (Orphée et Eurydice de Neumeier le 3 février à Hambourg), lourd de mes péchés, qui ne sont pourtant pas sept (The seven deadly sins de Louis Stiens le 2 février à Stuttgart).
Ô Reine des Dryades (Don Quichotte, de Carlos Acosta le 15 février au Royal Ballet), viens me chercher ! Viens m’arracher de sous la neige (Snowbling de Cathy Marston, avec The Fifth season de Helgi Tomasson et Etudes de Lander, le 14 février à San Francisco) avant que je ne tombe dans l’oubli (Le marchand et l’oubli de Guillaume Debut à Bordeaux le 13 février). Je t’attends, je t’attends, je t’attends (le retour de Jérémy Bélingard, aux côtés de Suite en blanc de Lifar, le tout à Stockholm le 15 février).
Le Bureau des Balletomanes Anonymes tient à rassurer ses lecteurs : malgré cet excès de pathos, le Balletomane va mieux, et sera de retour en mars, comme les jonquilles.