Trois questions à une danseuse qui déteste les grands (et longs) ballets classiques

Trois questions à… est notre nouvelle rubrique qui répond à toutes vos interrogations existentielles balletomaniaques !

En raison de questions particulièrement pertinentes et afin de protéger notre invitée, nous vous informons que cette interview est totalement anonyme.

Pourquoi, mais pourquoiiiiiiiii ?

Déjà car en tant que danseuse ( du corps de ballet), ils sont inintéressants à danser. On doit danser à l’identique des autres, on ne peut pas s’exprimer, et on doit danser tout petit pour ne pas dépasser des lignes ! Il n’y a pas de challenge technique, et le seul tour de force résulte dans le «  être tous ensemble parfaitement ». Artistiquement il n’y a que très peu à donner ou rechercher quand on est une « Ombre » ou un « paysan ».

Ensuite, ils sont longs et ennuyeux à regarder surtout pour les gens non connaisseurs ; les histoires sont difficilement compréhensibles et ils ne véhiculent que très peu d’émotions, ne poussent pas à la réflexion, tout est juste « beau » . Sans compter ceux qui sont racistes, mysogines et véhiculent des valeurs disons… d’un autre temps.

Est-ce que tu ne te sens pas ostracisée dans ce désamour ? Comment le gères-tu ?

Heureusement il n’y a pas que ces ballets dans le classique et encore moins dans la danse : je me régale d’un Etudes, d’un Suite en Blanc, d’un Roméo et Juliette, d’un Faust. En fait, je suis encore plus spécifique que ça. Je gère en essayant d’apporter quand même quelque chose d’inspiré ou d’intelligent quand je danse ces grands ballets ….

Si tu étais chorégraphe et qu’on te demandait de remonter La Bayadère, que ferais-tu ?

Je me demanderai quel intérêt peut avoir cette histoire pour un spectateur d’aujourd’hui ; j’essaierai de saisir les symboles importants que ce ballet peut transmettre et de les mettre en chorégraphie. J’essaierai de diminuer cet  orientalisme dépassé pour me renseigner vraiment sur ce qu’est la danse en Orient et en proposer une vision plus réelle et moins fantasmée que celle des occidentaux du 19è siècle. Mais toute personne qui essaierait de me faire peindre des enfants en noir en les appelant «  négrillons » serait forcée d’ouvrir un livre d’histoire et prendre quelques notes sur ce qu’est une oppression systémique. Voire je la forcerai à regarder des interviews d’Angela Davis ou Martin Luther King !

Ajout de la danseuse anonyme : Je tiens à ajouter que j’adore la danse classique, mais la seule chose que je n’aime pas, ce sont les « grands «  ballets russes de Noureev et Petipa.